Haut Les Masques

Quand je suis allé au Trocadéro [Musée ethnographique] c'était dégoûtant. Le marché aux puces. L'odeur. J'étais tout seul. Je voulais m'en aller. Je ne partais pas. Je restais. Je restais. J'ai compris qu'il m'arrivait quelque chose. Non ?
Les masques, ils n'étaient pas des sculptures comme les autres. Pas du tout. Ils étaient des choses magiques [...]
Tous les fétiches, ils servaient à la même chose. Ils étaient des armes. Pour aider les gens à ne plus être les sujets des esprits, à devenir indépendants. [...] Tout seul dans ce musée affreux, avec des masques, des poupées peaux-rouges, des mannequins poussièreux. Les demoiselles d'Avignon ont dû arriver ce jour là mais pas du tout à cause des formes : mais parce que c'était ma première toile d'exorcisme, oui.
Rapporté par André Malraux dans La tête d'obsidienne.



Le masque, destiné à dissimuler, représenter ou imiter un visage, assure de nombreuses fonctions, variables selon les lieux et l'époque. Simple objet de divertissement ou associé à un rite, œuvre d'art ou produit normalisé, il se retrouve sur tous les continents. Il est tantôt associé à des festivités , tantôt à une fonction.

Le masque est un déguisement ou un objet en bois, en tissu, en cuir… qui permet à l’homme de modifier son apparence, soit pour se cacher, soit pour exprimer sa croyance. Il existe depuis la nuit des temps au sein de la culture des peuples humains, si bien qu’il est impossible de lui trouver une origine unique. Le chasseur nigérian a porté un masque surmonté d’une tête d’oiseau (le calao, le plus souvent) ou d’animal (l’antilope) pour attraper ou tuer l’oiseau, l’animal de son choix. L’acteur grec, japonais ou encore italien s’est servi du masque pour changer son apparence. Le masque est aussi utilisé sur différents continents, lors des carnavals pour divertir les spectateurs.

En Afrique, le masque revêt le plus souvent un caractère sacré et André Malraux a raison de comparer « la signification du masque dans la culture africaine à l’importance des cathédrales en Europe ». Le masque fait partie intégrante de la vie sociale africaine. Il est toujours lié à la religion de l’ethnie qui le fabrique.

« Le masque africain n’est pas la fixation d’une expression humaine, c’est une apparition » déclarait encore André Malraux. Les masques africains reflètent les traditions. Ils sont le pilier principal d’une ethnie ou d’un peuple, dont ils représentent la puissance incontestable. Ils permettent à la culture de leur milieu d’origine de se construire.

Etant donné que les traditions varient d’un pays à l’autre et même d’une ethnie à l’autre au sein d’une même république, il est évident que le masque ne peut revêtir sa pleine signification, que si nous le plaçons dans le contexte qui l’entoure.

Au Bénin , il s’agit du costume dont il est un élément, du « gris-gris », et du spectacle qui est le « carrefour » de plusieurs arts. Il est fait de musique, de chansons, de mime et de danse.

Il existe, au Bénin, deux sortes de sociétés de masques : la société à moitié secrète et la société secrète. La première est représentée par le guèlèdè et la deuxième par l’oro, le koutito et le zangbéto. Les masques de ces sociétés sont fabriqués dans le pays, par des non initiés (pour le guèlèdè) et des initiés (pour l’oro, le koutito et le zangbéto) sur la demande du chef de la société concernée. Ils sont utilisés dans différentes circonstances telles que : les cérémonies annuelles des vodun de ces sociétés, celles de l’initiation des nouveaux adhérents, les fêtes agricoles, l’exorcisme des mauvais esprits, la guérison et le divertissement. Dans ce dernier cas, le porteur du masque se conduit en bouffon pour faire rire le public, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il rompt avec le monde des esprits.

Le masque, en transformant celui qui le porte, permet de concrétiser le surnaturel dans la vie des hommes. Le porteur laisse la place devant le double qu’il anime, grâce à sa sensibilité, son intuition et ses émotions. Sa présence est liée à la croyance de l’ethnie dont il émane, en particulier à celle de l’immortalité des défunts, - c’est le cas des koutito ou égungun qui constituent la liaison entre le monde des vivants et celui des morts – à l’existence des forces surnaturelles dont dépendent la vie de l’ethnie, son organisation sociale et le bien-être de tout un chacun.[...] 

Le masque joue à la fois un rôle social et religieux dans la société africaine en utilisant des techniques théâtrales. 

Ceux qui veulent appréhender la réalité du masque africain sont priés d’abandonner tout esprit cartésien. 


Extrait de : Le masque dans la société béninoise de Odile Puren Adda-Branco 




L’art primitif africain ne laisse personne indifférent, il avive chez l’observateur un large spectre d’émotions allant de la sérénité, de l’émerveillement jusqu'à la peur voire l’effroi, mai le plus souvent une sensation indicible d’attraction et de perplexité. Cet art qui puise sa source dans le berceau de l’humanité est toujours demeuré immuable à travers les âges, et ce malgré les vicissitudes bouillonnantes de l’histoire du continent africain. Son message s'inscrit dans l'universalité.Chaque masque est comme un grimoire ouvert qui fascine, qui suscite la curiosité, puis qui nous invite à le décrypter pour découvrir de proche en proche le message révélé. Le sculpteur africain n’a pas la vanité de l’artiste contemporain qui éprouve le besoin de signer son œuvre. En Afrique, l’œuvre d’art n’est pas la propriété du sculpteur, mais est l’expression d’une ethnie, d’un peuple, et de la divinité qui utilise la main habile de l’artiste pour déposer son étincelle spirituelle dans l’esprit du profane.
Si le continent africain abrite une grande variété de culture dont chacune se caractérise par son langage, ses traditions et ses formes artistiques, l’art africain dans son ensemble, englobe et embrasse à la fois histoire, philosophie, spiritualité et mythes. Il est porteur de l’âme de tout un continent. L’art africain ne vise pas la représentation, l’imitation, ou la figuration mais la signification, la symbolique. Il transgresse la forme au profit de son contenu, de son sens ou de ce qu’elle exprime. La beauté de cet art vient de sa spécificité, l’émotion qui s’en dégage, une esthétique du domaine de l’indicible, du domaine du ressenti, de la sensation du choc qu’il provoque.

L'art africain accorde la primauté à la fonction plus qu’à la forme et en particulier dans certaines ethnies. En effet, la vie elle-même, et dans toutes ses manifestations, est sous-tendue par une conception mystique et unificatrice du monde. Aussi la beauté n’est elle jamais recherchée pour elle-même. Elle est atteinte parce qu’il y a un accord fondamental entre la pensée religieuse et l’objet chargé de l’exprimer ou de la servir. Elles sont faites par des artistes qui sont au service du culte des ancêtres. On ne peut séparer la valeur plastique de son contexte social ou religieux. La quête ultime de cet art est de voir l’invisible.




Le masque africain est entaché de beaucoup d’ignorance ou d'idées préconçues et de préjugés. Il est ni un accessoire de théâtre ni un objet d'art décoratif ou figuratif encore moins un objet de sorcellerie. C'est plutôt un être sacré qui utilise le support matériel d'un homme, considéré alors comme un gardien, pour apparaître et s’exprimer. Il ne représente pas un être: il est l'être.

Les masques sacrés représentent une divinité, une force. Ils détiennent les pouvoirs religieux. Ils exercent une action propitiatoire à l'égard des puissances bénéfiques (génies, dieux secondaires) qui sont des intercesseurs, entre les hommes et une déité diffuse dans l'univers. Ils expriment la majesté, la sagesse, le mystère des forces surnaturelles qui les animent. Ils sont chargés de montrer l'invisible. Ils éloignent les puissances du mal, ils protègent les hommes des forces maléfiques. Ils interviennent dans des cérémonies : rites de passage, purification, sacrifice, initiation, conjuration... Ils jouent un rôle essentiel dans le rétablissement de l'ordre social. Ils représentent des ancêtres et Dieu, ils sont bons et justes. Ils punissent ceux qui apportent le désordre et l'insécurité. Ils sont les juges suprêmes. Ils détiennent les pouvoirs juridiques. Ils règlent les litiges, les problèmes de familles, de clans, de tribus. Ces masques ne sortent que pour des événements importants ou dans une enceinte privée et sacrée.

Les masques profanes sont représentés par une multitude de masques qui se produisent au moment des fêtes de réjouissance. Il y a d'abord les masques de divertissement. Ils représentent les ancêtres du clan de la famille, visant à attirer l'âme de l'ancêtre et à capitaliser sa puissance vitale. Immortels, ils sont dépositaires du patrimoine culturel. Ainsi il leur appartient de raconter l'histoire, ils sont la mémoire du peuple. Ils forment une société hiérarchisée, le masque sacré est au sommet entouré par une cour d'autres masques. Il y a le masque guerrier qui est chargé de la conquête et de la défense du territoire. Il accompagne le masque sacré lorsqu'il s’agit de rendre la justice en cas de préjudice. Lors de fêtes, il est chargé de surveiller les comportements de chacun pour détecter les mauvais éléments. Puis il y a le masque griot, le compagnon fidèle du masque sacré. Il est un chanteur solitaire, il loue le masque sacré. Il y a aussi le masque espion, il écoute, il observe, il rapporte au masque sacré. Il influence le masque sacré à être plus clément. Et le masque chanteur est l'historien, le généalogiste qui fait l'éloge des hommes. Il est aussi danseur. Il anime toutes les fêtes. Il est indispensable pour les réjouissances comme pour les funérailles. Il est le virtuose de la danse, il a une forte vitalité. Il est très souvent accompagné du masque chanteur. Et enfin le masque mendiant: Il est à la fois en bas et en haut de la hiérarchie. Il est en quête de savoir. En attendant d’être initié dans l’art de la danse, du chant, de la guerre, il distrait le monde par ses plaisanteries et ses mimes. Il va de case en case mendier des aliments. Le porteur de masque est initié. Son identité doit toujours rester inconnue. Sa personnalité s'efface complètement. Il n'est qu’un support humain par lequel le masque devient accessible aux hommes.



Le masque est un vecteur essentiel de revendication d'une identité locale, généralement un personnage mythique bienfaiteur de la communauté... Il régit les collectivités. Il remplit à la fois une fonction religieuse, politique, économique, historique et thérapeutique.

- fonction religieuse car il assure la médiation entre dieu, les ancêtres et les hommes. Il apparaît dans les rites de passage. Il est protecteur contre les esprits maléfiques. Plusieurs catégories de masques luttent activement contre la sorcellerie qui est le principal agent de tous les malheurs, maladies et fléaux possibles. L'esprit associé au masque possède la faculté de détecter les sorciers et de les chasser. Cette fonction est souvent doublée d'une action punitive d'éradication du mal. Après l'intervention masquée, les coupables tombent malades et peuvent mourir s'ils n'offrent pas les compensations réparatrices de leur faute, le plus souvent sous forme de sacrifices importants. Dans certains cas, le porteur lui-même est choisi pour sa « double-vue » et ses capacités à déceler les agents du mal. L'esprit du masque n'est alors plus utile que pour la punition à infliger.

- fonction politique car le masque garantit la hiérarchie sociale. Instance suprême pour le règlement de tous les problèmes qui peuvent se poser à la communauté. Il fait respecter l'ordre et la justice. Il intervient dans toutes les décisions vitales. Lorsque le masque a parlé, nul ne peut le contredire. Ses décisions sont sans appel. Les hommes de pouvoir (rois, chefs et autres dignitaires) ont besoin de garantir leur dominance et de la consolider. L'aide de forces surnaturelles est bienvenue dans ce cadre et les apparitions masquées correspondent à l'intervention impressionnante et suggestive que les dirigeants affectionnent particulièrement. Rien de tel pour maintenir la population à distance, dans la crainte et le respect, indéfectiblement corvéable et reconnaissante.

- fonction sociale car il veille à l'harmonie de la communauté. Il assure la pérennité du savoir. Il assure le lien entre les ancêtres et les vivants. Il apporte au village la bénédiction des ancêtres. Les masques assument régulièrement un rôle de police locale. Ils surveillent, donnent l'alerte, jugent ou punissent. L'implication d'un personnage masqué dans cette fonction coercitive offre l'avantage de maintenir le « justicier » dans un anonymat confortable; il est plus aisé de fustiger sans être reconnu. Par ailleurs, on devine aisément que cette activité peut conduire à d'inévitables abus; le porteur sera donc choisi avec beaucoup de soin et lui-même maintenu, dans l'exercice de ses fonctions, sous la surveillance et la vigilance de notables, dirigeants politiques et autres ritualistes importants.

- fonction culturelle et éducative car il est le dépositaire de la culture d’une ethnie. Les hommes se succèdent, les peuples se déplacent, la société évolue, mais le masque reste depuis sa création le témoin de ces multiples changements et mutations. Il est donc la mémoire qui peut rendre compte de l’évolution du peuple. Les masques transmettent un savoir, enseignent des lignes de conduite, conseillent et influencent. Ils représentent des modèles admirables à suivre ou à approcher. Ils concentrent l'éthique d'une société, soulignent les choses importantes à faire ou à éviter. Dans leurs prestations, ils véhiculent de nombreux messages à l’adresse tous ou, au contraire, réservés à un public cible.

- fonction d’initiation car les secrets liés à leur existence font partie des enseignements délivrés aux jeunes initiés. Les sociétés secrètes, le plus souvent masculines, font aussi appel aux masques au cours de leurs rituels spécifiques. Certaines d'entre elles comprennent de nombreux grades dont l'accès est régi par des cycles initiatiques. Le but poursuivi est la maîtrise d'une connaissance ésotérique qui permet, notamment, la manipulation et le contrôle des non initiés.

- fonction funéraire car l'intervention des masques revêt souvent un rôle purificateur. La mort introduit une forme de déséquilibre dans la société. Elle est perçue comme une souillure qu'il convient de laver. Il vient chercher l'âme du défunt pour la conduire au « royaume » des esprits à partir duquel elle pourra se transformer en puissance active et bénéfique pour ses descendants.




Ces œuvres atteignent leur but lorsqu’elles satisfont d’abord le sens esthétique ou un au-delà de l’esthétique, la vision d’un infini spirituel, la beauté ou la terreur. Le masque pour être efficace devra être ravissant, témoigner d’une excellence dans l’exécution ou inversement manifester une sorte d'horreur sacrée. La forme stable n'est qu'un jeu de forces secrètes, de puissances vitales. L'étude esthétique de ces masques variés révèle un intérêt pour l'abstraction, pour l'épuration des formes et pour les structurations savantes.

La tradition du port du masque remonte dans la nuit des temps et nous en trouvons des traces sur les fresques du Sahara (en Lybie) remontant à plus de 15.000 ans. Les premiers masques étaient des masques animaux portés sur le haut de la tête, dont les cornes de bovidés étaient l'élément essentiel. Les danseurs et les danseuses s'en coiffaient et se cachaient sous des parures végétales revêtant, jambes, bras et bustes. L'important était de communiquer avec les forces vitales et sacrées qui régissent le monde et en assure la fécondité et la continuité.

Les masques animaliers se diversifièrent à partir de la renaissance du rôle que l'animal joue dans son rapport avec l'homme. L'homme reconnaît à cette époque déjà la longue antériorité de l'animal sur l'homme. Différents animaux jouent un grand rôle dans les mythes créateurs et les rites de divination. Ce n'est que plus tardivement que la fonction du masque se diversifia, qu'il devient signe d'appartenance à une société d'initiation, à la protection de la tribu et servit aux guérisseurs qui, revêtus d'un vêtement chargé de substances magiques et le visage recouvert d'un masque, assistaient le malade dans sa guérison. Les cornes animales et les masques mi-hommes mi-bêtes subsistèrent longtemps et ce n'est que récemment qu'ils deviennent humains, ils jouent toujours cependant le rôle d'établir une relation avec les forces irrationnelles que sont celles du sacré. Les parures dont les masques sont revêtus ont des significations multiples: de dialoguer avec l'environnement, d'assurer la protection de la famille, d'accompagner les rituels d'initiations, de participer aux fêtes de la moisson et aux fêtes de la délivrance de l'influence du mort, de la guérison du malade...




Dans la majeure partie du continent africain, le masque reste encore de nos jours l'une des expressions privilégiées qui a donné lieu à une impressionnante variété de formes, de matériaux et de styles. Cependant, il ne faut pas dissocier le masque africain du reste de son costume sans quoi on perd le sens général du message. Le masque africain est à considérer non seulement dans sa dimension esthétique et artistique mais aussi dans sa fonctionnalité au sein de la société qui le crée et qui l'utilise dans un ensemble d'actes sacrés qui assurent son équilibre, objet d'une perpétuelle quête. Toutefois, détaché de son costume, de ses parures, de sa coiffure, dissocié des accessoires de danse qui l'accompagnent et dont il ne constitue qu'un élément, le masque perd incontestablement sa signification profonde.
Le masque est aussi maquillage, peinture corporelle, fibres, feuillages, peaux d'animaux, étoffes, coiffures... tous éléments qui constituent un ensemble où il s'insère, dont il n'est qu'une partie, qui ont aussi leur signification, leur symbolique.

Le matériau de prédilection pour la majorité des masques africains est le bois. On recourt parfois à d'autres matières pour les réaliser : fibres végétales, calebasse, peau, tissu rehaussé parfois de perles, de coquillages, métaux, os, ivoire, résine... Le choix de ces matières n'est pas le fait du hasard: elles sont choisies et associées en fonction de la sacralité du masque ou de la symbolique qu'il doit exprimer. Le sculpteur, créateur de masques, travaille généralement à l'écart du village; il doit observer des interdits très stricts, subir parfois des purifications car il doit être exempt de toute souillure pour pouvoir mener son travail à bien, selon les règles. Le masque lui-même est, à chaque utilisation, nettoyé et repeint s'il s'agit d'un masque polychrome, car, dans ce cas, la peinture fait "vivre" le masque. En dehors des périodes cérémoniales, les masques sont conservés, soignés, surveillés et même "nourris".

Les principaux foyers du masque se situent en Afrique occidentale et en Afrique centrale. Les formes varient selon les aires culturelles et les ethnies (géographie des peuples). Quant aux usages et aux fonctions, ils correspondent principalement au cycle annuel des rites agraires (semailles, récoltes ...) et au cycle de la vie. Dans le cycle de la vie, deux événements sont considérés comme essentiels : l'initiation et la mort. Lors des cérémonies d'initiation des jeunes gens, les masques interviennent aux différentes étapes de celles-ci. Selon les ethnies, ils peuvent présider la circoncision, intervenir comme maîtres initiateurs, révélant aux profanes les connaissances nécessaires à leur formation technique, morale et sociale. A cette occasion, le masque est porté par les maîtres de l'initiation et les profanes se voient confier le secret du masque. Matérialisation d'êtres surnaturels ou des ancêtres, symbole du sacré, les masques président généralement aux levées de deuil. Ils interviennent également pour écarter les calamités ou encore, en cas de litige, comme agents de contrôle social. Dans certaines ethnies, ils sont l'apanage du pouvoir chef.




Symbolique de quelques couleurs des masques africains :
Le blanc : c'est une couleur de passage, le passage de la mort à la renaissance, la mutation d'un être. Elle est également la couleur de Dieu (lien avec les ancêtres), représentant la lumière, l'innocence, la pureté et la droiture. Elle est fabriquée à partir du kaolin ou en pilant la craie (autrefois, on se servait de coquilles d'escargot, d'œufs, d'excrément de lézard ou de serpent sacré). Dans certains villages du Nord du Nyari-Kwilu, le kaolin signifiait deuil, et l'on s'en servait pour "décorer" les tombes.Le noir : c'est une couleur négative; elle représente la mort, l'anéantissement, le mal, la sorcellerie et l'antisocial. Elle est fabriquée avec du charbon de bois ou du noir de fumée. En Côte d'Ivoire, ce sont les feuilles ou les écorces de lianes qui servaient à la concevoir. Il s'agit d'une valeur complémentaire chez les Igbo.Le rouge : le symbole est ambivalent. Elle représente le sang, le feu, le soleil, (et donc la chaleur), mais aussi la réintégration d'un être marginal, la fécondité et le pouvoir. Le rouge foncé représente les forces agressives et le sang impur. Elle est fabriquée à l'aide de substances minérales, sacrificielles (à l'origine, une noix de kola mâchée puis recrachée).Le jaune : c'est une valeur complémentaire chez les Igbo. Elle représente la paix, la sérénité, la fortune, l'espoir, la fertilité, l'éternité, mais aussi le déclin et l'annonce de la mort.Le bleu : c'est une couleur négative qui représente la froideur, mais, paradoxalement, la pureté, le rêve et le repos terrestres.Le vert : représente la croissance, la nourriture et la virilité.L'ocre brun : c'est aussi une valeur complémentaire chez les Igbo.
Publié dans : Les Masques